Sentiers de FoiVolume 07 - no 07

Qu'est-ce que la beauté change dans ma vie?

Jocelyne Hudon
Lors de leurs rencontres de groupe, les personnes impliquées dans Espace Art Nature se posent une question fondamentale : « Qu’est-ce que la beauté change dans ma vie? » La porte s’ouvre alors à toutes les formes de beauté, puisque la question aura obligé les personnes à regarder autour d’elles entre deux rencontres.
Lors de leurs rencontres de groupe, les personnes impliquées dans Espace Art Nature se posent une question fondamentale : « Qu’est-ce que la beauté change dans ma vie? » La porte s’ouvre alors à toutes les formes de beauté, puisque la question aura obligé les personnes à regarder autour d’elles entre deux rencontres. Sur le chemin de leurs découvertes, elles se trouveront peut-être une parenté avec Oscar Wilde qui disait : « La beauté est dans l’œil de celui qui regarde. » Il y a une grande justesse dans cette affirmation. Pour s’en convaincre, il suffit de penser à ce cliché vieux comme le monde : les amoureux qui ne voient pas la « laideur de leur belle », si on me permet l’expression. C’est que l’amoureux a vu la lumière de l’autre que nul œil non avisé ne peut percevoir. Il devient évident que la beauté n’est pas définie en elle-même, mais simplement par ce que perçoit l’œil humain. Ceci confie aux artistes une tâche immense qu’Alan Locke a bien résumée : « L’art doit découvrir et révéler la beauté que le préjugé et la caricature ont dissimulée. » En ce sens, les groupes Espace Art Nature font un travail d’éveilleurs. S’astreignant eux-mêmes à réfléchir (dans les deux sens du mot) la beauté, se donnant le temps de mettre en forme artistique ce qu’ils vivent, voient et comprennent de la vie, ils permettent à d’autres d’ouvrir les yeux sur le beau. Par le fait même sur le bon. En effet, le beau est le plus souvent perçu comme le bon. Il suffit de penser aux présentations culinaires toutes en couleurs et en harmonie dans l’assiette. Simplement regarder le plat fait envisager qu’il sera bon à manger. Ouvrir au beau, c’est faire œuvre de guérisseur. Sur son album Au moment d’être à vous, Isabelle Boulay affirme : « Les artistes sont les pharmaciens de l’âme. » Pas surprenant quand on pense à toutes ces fois où un dessin, un tableau, une chanson, une musique, un paysage – la Création étant l’art de Dieu-e! – ont ému l’âme jusque dans ses tréfonds. Les artistes guérissent en permettant de toucher ce qui est caché dans le visible. Ils ouvrent une brèche dans la compréhension de l’univers et, partant, de soi-même. C’est en tout cas ce qu’Olivier Fenoy semble avoir cherché, lui qui est « à la source de cette pédagogie de salut par la beauté », comme on le dit dans l’itinéraire. Intéressant que dans cette engagement par l’art, on parle de salut, un mot qui, dérivé de langues anciennes, veut dire intégrité, santé. Il est doublement intéressant que cette pédagogie du salut par la beauté lui vienne alors qu’il est en quête de sens. Parce que la quête de sens rejoint très souvent le spirituel. « Étonnamment, c’est par un extrait d’une lettre aux artistes de Pie XII qu’un sentier de sens lui sera ouvert : la fonction de tout art consiste à briser l’espace étroit et angoissant dans lequel est plongé l’homme quand il vit ici-bas, afin d’ouvrir une fenêtre à son esprit qui tend vers l’infini. » Pourtant, objectera-t-on, comment se fait-il que tant d’artistes ont terminé leur vie dans la folie ou le suicide? Cela demeure un mystère. Mais un poète roumain peut nous donner à penser à ces deux extrêmes – la vie et la mort – qui cohabitent en l’humain. Ilarie Voronca est né dans une famille juive en 1903. Lui qui a entre autres écrit La Joie est pour l’homme s’est suicidé en 1946. Il a connu les deux guerres mondiales, fui à Paris, écrit énormément. Un jour, son art devient pour lui ouverture sur le monde. « En 1936, il n’est plus le chantre individuel, son moi s’épanouit dans toutes les voix : "Je veux me mêler à cette foule. Je partage sa vie." Voronca devient le poète anonyme de la foule... » Cela n’évoque-t-il pas la recherche d’Olivier Fenoy qui, « après avoir cheminé seul pendant 10 ans, [...] décide un jour de vivre cette inspiration avec d’autres jeunes artistes ». Cela n’est-il pas aussi dans la visée d’Espace Art Nature? Cela donnerait-il raison à Jean Anouilh quand il affirme : « La beauté est une des rares choses qui ne font pas douter de Dieu? »

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