Sentiers de FoiVolume 01 - no 16

L’enracinement comme libération

Jean-Philippe Perreault
Depuis 1999, Pénélope Guay et sa fille Nathalie travaillent à la mise sur pied de la maison Missinak (Tortue en innu), un centre de ressources pour les femmes autochtones victimes de violence.
Depuis 1999, Pénélope Guay et sa fille Nathalie travaillent à la mise sur pied de la maison Missinak (Tortue en innu), un centre de ressources pour les femmes autochtones victimes de violence. Un projet qui s’inscrit dans un long itinéraire où s’entremêlent militance, réappropriation culturelle et spiritualité. Après 30 ans d’engagement, Pénélope Guay puise à même sa propre histoire de libération l’énergie de la persévérance. « Je m’en suis sortie et j’ai vu que, dans la vie, on s’en sort lorsqu’on est en groupe; j’y crois et c’est là ma force pour continuer. » Fille d’un peuple déraciné Madame Guay appartient à la communauté innue de Mashteuiatsh. Elle n’a cependant jamais vécu sur les rives du lac Saint-Jean où est établi le peuple de ses ancêtres. « À cause de la Loi sur les Indiens, les femmes étaient exclues de la communauté lorsqu’elles se mariaient avec un non-autochtone. Mon père étant métis, par la loi, nous n’étions plus reconnus. J’ai connu les souffrances de ma mère qui se sentait rejetée, coupée. » Les mesures d’assimilation ont imposé à des générations d’Autochtones l’école des Blancs avec sa langue et sa religion. « C’était le régime de la peur, affirme Pénélope Guay, qui n’a pas été vécu uniquement par les Autochtones, mais qui, dans leur cas, faisait partie de l’assimilation. » En « bafouant la culture et les rites », on a forcé les Autochtones à renier leurs propres traditions. Du coup, les générations suivantes ne pourront échapper aux effets d’une mémoire saccagée. Engagement Par son implication dans un groupe de défense des droits des personnes assistées sociales, elle mesurera l’injustice et l’oppression subies par son peuple. Ce sera le point de départ de son parcours militant, marqué par un courageux retour aux études. N’ayant en poche qu’une 5e année, elle terminera son secondaire, sortira du collégial avec une technique en travail social, obtiendra un certificat en études autochtones, une formation en animation pastorale, une autre formation sur la question des abus sexuels et de la violence. Elle est actuellement inscrite à un certificat en leadership des Premières Nations. « Par l’éducation, souligne-t-elle, on se donne des outils pour prendre du pouvoir et s’en sortir. » Une compréhension globale de la vie Le projet Missinak est né de la conviction qu’accueillir des femmes autochtones victimes de violence doit se faire en comprenant leur culture. « Nous travaillons avec une approche holistique qui tient compte de l’individu, mais aussi de sa famille, de sa communauté et même de sa nation. Les oppressions ne sont pas qu’individuelles : les femmes arrivent blessées comme individus, mais aussi comme culture. » Dans cette perspective, des ateliers sur l’histoire des Premières Nations sont offerts aux non-autochtones et aux autochtones « parce qu’on ne peut pas se sortir de ce que l’on vit sans que le monde comprennent ce que l’on a vécu ». La redécouverte, la réhabilitation et la réappropriation de la culture ne sont pas étrangères à la spiritualité. « La spiritualité, c’est un travail sur nous-mêmes, à partir des traditions et des rituels de nos ancêtres », affirme madame Guay. Cette dimension est importante pour certaines femmes et la Maison en tient compte. « Il y a les cercles de partage et les cercles de guérison. Les femmes sont habituées de travailler en cercle et cette approche n’est pas nécessairement offerte puisqu’on utilise souvent une approche individualiste [dans les autres maisons d’hébergement]. » L’itinéraire de Pénélope Guay rappelle que les distinctions entre le culturel, le social et le spirituel appartiennent aux Blancs. Comprendre les différentes dimensions de la vie comme étant interreliées nous force à appréhender de la même façon le destin des peuples. « On travaille en alliance avec les non-autochtones afin qu’ils sachent qui nous sommes et pour trouver comment marcher côte à côte. Je ne pense pas que nous puissions nous en sortir seuls. Nous devons travailler ensemble », assure-t-elle.

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