Salut! Terre : fraternité et engagement
Cela fera 25 ans l’an prochain que le père de Sainte-Croix Raymond Gourde, notant le manque d’espace pour accueillir les jeunes confirmés dans la communauté chrétienne après un sacrement qui y scelle pourtant leur entrée, fonda Salut! Terre.
Cela fera 25 ans l’an prochain que le père de Sainte-Croix Raymond Gourde, notant le manque d’espace pour accueillir les jeunes confirmés dans la communauté chrétienne après un sacrement qui y scelle pourtant leur entrée, fonda Salut! Terre. Et il posa à la base du mouvement une originale pédagogie de dépollution de l’environnement dans quatre axes de relations à améliorer et à approfondir : à soi-même, aux autres, à Dieu et à la nature.
Lancé pour impliquer les 11 à 17 ans et leur donner une agréable expérience du « faire Église », le groupe recense aujourd’hui onze clubs d’une dizaine de jeunes – dont 45 % de garçons – qui se réunissent toutes les deux semaines dans des paroisses des diocèses de Montréal, de Saint-Hyacinthe et de Valleyfield ainsi qu’au Collège Notre-Dame. Les clubs se fréquentent également entre eux lors de journées thématiques ou de camps pastoraux. Au menu général des rencontres : moment de spiritualité, activité physique pour partager des loisirs et temps consacré au projet en cours.
Encadrés par leurs animateurs, les jeunes des clubs opèrent la dépollution par des engagements qui améliorent le monde et changent le regard porté sur lui. Les activités sont variées : divertir des personnes âgées ou organiser une kermesse pour les enfants qui vivent un sacrement – et s’apercevoir que tous sont plus intéressants à côtoyer qu’escompté; prendre part à la guignolée ou donner un coup de main à un magasin partage – et s’apercevoir que, parfois, ce sont les pauvres qui donnent le plus. Sur le plan environnemental, ce peut être nettoyer une berge ou écrire au conseil municipal à propos du recyclage. Le volet de la relation à Dieu est abordé par la relecture des implications à la lumière de textes bibliques, par des pèlerinages, par la discussion sur des films, entre autres choses. Enfin, l’aspect de la relation à soi est atteint par ricochet, observe Sylvain Bélec : en dépolluant leur relation avec la nature, avec Dieu et avec les autres, les adolescents dépolluent leur relation à eux-mêmes en devenant capables de prendre l’initiative d’aller vers l’autre et de s’ouvrir à la transcendance, en gagnant une confiance en eux et un sens des responsabilités. Il y a des changements progressifs, mais radicaux, de jeunes très timides qui deviennent coanimateurs. Car une autre force du groupe est d’encourager l’autonomie et la responsabilité. À cet égard, des camps de formation au leadership et des stages sont offerts aux membres à partir de 15 ans; à partir de 18 ans, certains deviennent donc coanimateurs de clubs ou de camps, voire catéchètes en paroisse. Ainsi, il y a toujours de quoi motiver la suite, chez Salut! Terre: les membres de 17 à 30 ans intéressés à poursuivre peuvent joindre les communautés diocésaines du mouvement, créées en 1999.
Et les leaders attestés vivent des projets plus ambitieux. Une aventure fascinante est la visite annuelle qu’ils rendent à la communauté algonquine de Kitcisakik, dans la réserve faunique de la Vérendrye, occasion de dépolluer une longue relation historique avec les Amérindiens par l’échange interculturel et spirituel. Pendant une semaine, les participants de Salut! Terre vivent avec leurs hôtes qui leur apprennent à pêcher, à chasser, à cuisiner, à parler un peu leur langue. Les Algonquins partagent également avec eux leur relation à la nature et leur fervente piété, empreinte de béatitude, de paix et de silence. Quant aux visiteurs, ils animent soit un camp de pastorale jeunesse soit la catéchèse sacramentelle de l’eucharistie et de la confirmation pour les jeunes Amérindiens concernés. Ces derniers ayant déjà un fort esprit communautaire et de prière, il ne reste qu’à les initier au contenu sous forme de bricolage, de rallye, de sketches, etc. Au final, ces rencontres fraternelles abordées en toute amitié permettent aux Blancs d’abandonner leurs préjugés et de rapporter dans leur communauté ce nouveau point de vue sur un peuple qu’ils ont vraiment appris à connaître. De leur côté, les Amérindiens peuvent s’ouvrir à des Blancs et à des gens d’Église qui les respectent sincèrement ainsi qu’à leur culture.
Pareil dynamisme ne manque pas de porter des fruits. Avec son approche structurée et son contenu signifiant pour les adolescents, Salut! Terre sème une soif d’engagement durable chez les jeunes, épanouis de contribuer à bâtir un royaume d’amour, de justice et de paix, enracinés dans une Église vue comme lieu de communion et de mission de fraternité et d’engagement.