EN_CRÉ comme ancrage en soi
29 janvier. Nous sommes à l’entrée de la cafétéria de l’UQAM. Sur une grande affiche aux couleurs vives, un grand œil ouvert et ces mots : Intériorité et créativité – Oui! Venez vous EN_CRÉ au club Spiritualité et Art : En_Cré. L’œil est le logo de ce « club » spécial. Des exemples de créations (dessins) illustrent une partie de cette démarche spirituelle bien ancrée dans le silence, la méditation, la matière et la créativité.
29 janvier. Nous sommes à l’entrée de la cafétéria de l’UQAM. Sur une grande affiche aux couleurs vives, un grand œil ouvert et ces mots : Intériorité et créativité – Oui! Venez vous EN_CRÉ au club Spiritualité et Art : En_Cré. L’œil est le logo de ce « club » spécial. Des exemples de créations (dessins) illustrent une partie de cette démarche spirituelle bien ancrée dans le silence, la méditation, la matière et la créativité. « Il s’agit d’expérimenter la synergie entre l’intériorité et la créativité », affirme Madeleine Delisle, initiatrice de ce projet (2011) et responsable du groupe étudiant chrétien œcuménique IKTUS de l’UQAM1.
EN_CRÉ est une démarche pour trouver sa véritable identité au fond de soi, alors que la dynamique de la vie en société tire les humains vers l’extérieur d’eux-mêmes, et pour devenir vraiment libres devant tous les systèmes, toutes les idéologies aliénantes, qui font quotidiennement pression sur les citoyens et citoyennes. Comme le rappelle madame Delisle, « l’intériorité d’une personne, comme son identité, se donne à voir dans une œuvre d’art spontanée comme dans son projet de vie ». D’ailleurs, pour elle, les mots utilisés portent en eux-mêmes une densité de sens : intériorité (in et territoire) veut dire « être dans son territoire », dans son espace sacré. Créer signifie « faire pousser », comme on fait pousser des plantes ou des enfants, dirait Fred Pellerin. Comme elle le précise, « il s’agit de laisser le mental, l’ego, et de descendre en soi, d’apprendre à tomber dans son cœur, pour y retrouver son être de Source et “parler avec son Père qui est présent dans le secret” ».
La démarche se déroule en petits groupes de 10 à 15 personnes et dure environ 2 heures 45. Elle débute par une présentation du thème (25 min) suivie d’une méditation silencieuse (30 min), puis d’une réalisation artistique (50-60 min) pour se terminer par une période d’écriture. On y apprend aussi à décrypter le sens des images créées selon les couleurs, les formes, les mouvements, car « l’image peinte avec mes cinq sens va me parler davantage que l’intelligence discursive, car l’intelligence se passe aussi dans le corps, comme elle le précise. L’intériorité d’une personne se lit dans son dessin, comme cette personne qui a fait un temple avec un feu, un chemin mauve (guérison) et des arbres. Elle a poursuivi en ajoutant des montagnes mauves et les arbres sont devenus une grande rivière montant vers le ciel ». Décrypter les images, c’est ouvrir son 6e sens. On peut se faire un tableau personnel du sens symbolique des couleurs et des formes. Les dessins parlent fort… il s’agit d’écouter.
Ces ateliers se déroulent sur cinq à huit rencontres selon le thème. En voici quelques-uns : identité et projet de vie, foi et créativité (la Trinité), le pardon, l’attitude d’Amour et les Béatitudes. Il est aussi possible de construire des ateliers sur mesure à partir des besoins d’un groupe particulier. La plupart des participantes et participants sont des étudiants originaires du Québec, certains chrétiens mais surtout agnostiques, qui cherchent du sens à la vie et aiment l’art. Sur le dépliant de présentation, l’animatrice présente une des étudiantes qui s’impliquent bénévolement dans le projet : « Jolaine Vincent se définit surtout comme une chercheuse. Là où elle souhaiterait trouver des réponses à ses questions existentielles, elle y trouve plutôt d’autres questions qui l’amènent un peu plus loin dans sa quête de sens et un peu plus proche d’elle-même tout à la fois. Étudiante en arts à l’UQAM, elle tente d’enraciner sa vie dans la création et sa création dans la vie. » « On dit que l’art est le langage de l’esprit, mais on ne le sait vraiment que par l’expérience. Par conséquent, pour ceux qui le désirent, cette expérience permet de s’ouvrir sur la Source de l’Être par l’exploration des fondements de la Foi chrétienne. Les ateliers sont toutefois conçus avec simplicité et proposent aussi une réflexion pertinente en relation avec la vérité de la condition humaine2. » Ne sommes-nous pas ici de plain-pied avec une « nouvelle forme d’évangélisation » bien ancrée dans l’intériorité, dans la Source, et la réalité de la matière, ruisselantes de la présence de l’Esprit?L’art concerne les choses de l’âme. Rimbaud