Condamnés à vivre avec le VIH/sida
Même si ce n’est pas aussi catastrophique que dans certains pays d’Afrique ou d’Asie, le VIH/sida est toujours très actif chez nous.
Même si ce n’est pas aussi catastrophique que dans certains pays d’Afrique ou d’Asie, le VIH/sida est toujours très actif chez nous. Au Québec, 16 000 personnes vivent aujourd’hui avec le VIH/sida. Les recherches médicales ont fait de grands progrès, avec les antirétroviraux, pour contrer cette maladie, mais c’est au prix d’effets secondaires pénibles comme la lypodystrophie. Dans les années 1990 à 1996, SIDA1 rimait toujours avec « condamné à mort »; aujourd’hui, c’est « condamné à vivre avec », comme le rappelle un des fondateurs, toujours directeur de la Maison Plein Cœur, Louis-Marie Gagnon. Trop nombreux encore sont ceux qui baissent leur garde, surtout chez les jeunes, croyant à tort que désormais la médecine guérit le sida. Vivre avec le sida est tout un défi surtout quand on est isolé et déprimé. Encore aujourd’hui, beaucoup de préjugés demeurent, souvent entretenus par les religions, surtout envers les personnes atteintes qui sont homosexuelles. Ce qui s’ajoute au fardeau de la maladie et compromet le cheminement humain et spirituel des personnes.
C’est à partir de cette prise de conscience et de la parole de Dieu qui invitait à « choisir la vie » (Dt 30, 19) que trois membres du groupe Dignité2, regroupant des personnes homosexuelles de la région de Montréal, décidèrent d’agir. M. Gagnon précise : « Souhaitant remédier à la solitude, à l'isolement et à la pauvreté grandissante des personnes vivant avec le VIH/sida plus présentes dans le Village, nous voulions lutter contre cette discrimination et offrir des services de soutien en fondant la Maison Plein Cœur, en plein Village gai, en 1991. » Dès le départ, trois communautés religieuses s’impliquèrent dans le projet : les Oblats de Marie immaculée, la Congrégation Notre- Dame et surtout les Sœurs de la Providence pour l’immobilisation, toujours présentes sur le Conseil d’administration. Ainsi, les objectifs fondamentaux de la Maison Plein Cœur sont de contribuer à prévenir la maladie et à promouvoir la santé chez les personnes vivant avec le VIH/sida. Mais les besoins ont changé et il a fallu s’adapter. Plusieurs personnes atteintes doivent aussi faire face à des dépendances multiples : drogues et boissons, ou dépression. D’autres ont besoin de soutien pour l’accès au logement ou la réinsertion en milieu de travail ou de bénévolat. Réinsertion qui redonne dignité et espoir, assure des revenus et recrée un réseau de relations. Une dizaine d’employés et 120 bénévoles, dont des personnes atteintes, s’activent pour offrir des services d’accueil, d’écoute, d’éducation, d’accompagnement aux services de santé (dont les femmes enceintes atteintes du VIH), de counselling, en plus d’activités diverses pour briser l’isolement, fêter la vie, soutenir l’organisation du quotidien et le moral. Il y a même un petit espace de recueillement sur place. Beaucoup de monde circule à la Maison, dont les espaces d’accueil baignent dans la lumière du jour. L’atmosphère y est chaleureuse et le personnel dévoué, marqué par la magnanimité et l’attitude joyeuse de service des origines. « Il y a ici beaucoup d’amour, de fraternité, de dévouement, dit M. Gagnon. Ce sont des pratiques dans l’esprit de l’Évangile même si c’est nommé autrement. Car pour moi, vivre sa foi, c’est servir les autres. » Une sculpture dans son bureau illustre bien cet esprit : cinq personnes debout forment entre elles un cercle de solidarité en se tenant par les épaules. Et il ajoute : « Dans cette période où l’Église officielle nous fait encore mal, la Maison Plein Cœur sert à leur dire qu’ils sont importants et dignes. » Assurer le présent et l’avenir par des revenus récurrents en ces temps difficiles est un des gros défis de la Maison Plein Cœur. « Un personnel compétent mérite un salaire décent et régulier. Nous sommes aussi pour la justice sociale », de dire le directeur. Les démarches de recherche de financement grugent beaucoup d’énergie. « Après avoir fait notre bout de chemin, on s’en remet à la Providence », ajoute M. Gagnon. Il n’a jamais été déçu. Cela aussi fait partie de son héritage de foi chrétienne.« Selon les plus récentes données du Programme conjoint des Nations unies sur le VIH/sida (ONUSIDA), le VIH/sida tue environ 2,1 millions de personnes par année et quelque 33,2 millions de personnes sont actuellement infectées par le VIH/sida dans le monde. On estime par ailleurs que 2,5 millions de personnes sont nouvellement infectées par le VIH chaque année et que plus de 95 % des nouveaux cas se déclarent dans les pays à revenu faible ou moyen. » Source : www.acdi-cida.gc.ca