L’Église d’ici peut-elle renaître? Un évêque d’ici y croit
Il ne jouait pas à la messe lorsqu’il était petit garçon.
Il ne jouait pas à la messe lorsqu’il était petit garçon. Pourtant, il devint prêtre puis évêque. Ce fils unique, originaire de Sainte-Thérèse, c’est aujourd’hui Mgr Paul-Émile Charbonneau, qui participa au concile Vatican II comme évêque en titre du diocèse de Hull (1963-1973). Homme accueillant et chaleureux, il est toujours très engagé dans l’Église pour promouvoir l’esprit de Vatican II, malgré ses 86 ans.
Il avait pensé enseigner toute sa vie au séminaire. Mgr Paul-Émile Léger l’envoya plutôt aux études. Puis, à 38 ans, il fut nommé évêque auxiliaire à Ottawa et il fonda, en 1963, le diocèse de Hull, tout imbu de l’esprit du Concile et de la formation théologique reçue à cette occasion par les grands théologiens du monde. Mais il dut démissionner après 10 ans, à 51 ans, à la suite d’une crise cardiaque. Il se rappelle qu’il y avait beaucoup de résistance alors chez les prêtres devant les changements conciliaires. Eux, ils n’avaient pas eu la grâce de baigner dans l’eau du renouveau!
Lorsqu’il envoya sa lettre de démission au pape Jean-Paul II, il lui dit qu’il voulait se consacrer au « recyclage » des prêtres. Comme il était responsable à la Commission du clergé de l’Assemblée des évêques du Québec et prêchait des retraites, il entendit leur désir d’avoir un endroit pour reprendre leur souffle. Alors, ensemble, ils ont monté un programme de ressourcement et de formation touchant la vie spirituelle, affective et sociale du prêtre. Pour eux, c’était aussi l’occasion de refaire leur théologie. Pendant 25 ans, à Pierrefonds, plus de mille prêtres ont vécu cette renaissance lors de séjours de deux à trois mois. Il a vécu là les plus beaux moments de sa vie de prêtre, confie-t-il : « On partageait ensemble, repas et vécu, on priait ensemble, on s’ouvrait au monde. »
De son expérience pastorale et de son passage au Concile, il garde la conviction qu’une Église missionnaire va vers le monde. N’était-ce pas l’intention de Jean XXIII d’ouvrir l’Église au monde, d’aller vers le monde avec confiance, sans peur? Pour lui, s’il n’y avait pas eu le Concile, l’Église serait devenue une secte... Malgré les changements amorcés, beaucoup de catholiques ont quitté l’Église. Les causes en sont multiples. Il y a eu l’encyclique Humanae Vitae, publiée par Paul VI, qui suscita l’opposition de la grande majorité dans le peuple de Dieu (85 % des catholiques aux États-Unis). Ce non-respect de la liberté de conscience a fait partir bien du monde. Et devant la situation actuelle où plusieurs sentent comme un blocage à Rome, il suggère une autre forme de christianisme, moins lourde. Une Église de petits groupes, de petites semences. Pour retrouver cet esprit de liberté et de confiance, d’ouverture au monde qu’il a connu au Concile, Mgr Charbonneau a entrepris de publier un document qui en rappelle les grandes lignes. Il s’est adjoint des collaborateurs, dont l’abbé Gilles Routhier de l’Université Laval. Malgré son enthousiasme et ses efforts depuis cinq ans pour entraîner ses confrères évêques du Québec (28), et du Canada (88), à célébrer le cinquantième anniversaire (1959-2009) de l’appel de Jean XXIII aux évêques du monde entier, Mgr Charbonneau n’a reçu que quelques réponses polies1. Seuls plusieurs évêques émérites, c’est-à-dire retraités, croient à son projet. Il avoue : « On est brochés dans une fonction et une institution. On a un gros mur à faire tomber. Mais je garde l’espérance que les petites pousses humbles de la base vont faire reculer bien des choses. » Vœux de Mgr Paul-Émile Charbonneau aux lecteurs et lectrices de Sentiersdefoi.info Jésus était marcheur sur les routes de son pays. Nous, on s’enferme. Sortons marcher! Je nous souhaite une année de cinquantième anniversaire du concile Vatican II où on fête une Église qui veut s’incarner dans le monde comme le Christ à Noël.« Mon thème de prédication aux religieux et religieuses pendant les dix dernières années était les béatitudes où Jésus nous traite comme des adultes. Il passe de la Loi et des ordres à l’invitation "Heureux es-tu si..." »