Sentiers de FoiVolume 04 - no 04

Un projet de promotion humaine et de solidarité

Normand Breault
Somos hermanos. Ces deux mots recouvrent « un projet concret de présence et d’accompagnement auprès des travailleurs saisonniers agricoles » venus du Sud; il vise à créer une concertation entre les paroissiens et ces travailleurs dans le but d’accueillir ces derniers et d’améliorer leur intégration, ce qui présuppose une connaissance de leur réalité sur le terrain et une volonté de s’engager avec eux.
Somos hermanos. Ces deux mots recouvrent « un projet concret de présence et d’accompagnement auprès des travailleurs saisonniers agricoles » venus du Sud; il vise à créer une concertation entre les paroissiens et ces travailleurs dans le but d’accueillir ces derniers et d’améliorer leur intégration, ce qui présuppose une connaissance de leur réalité sur le terrain et une volonté de s’engager avec eux. Le projet « existe pour faire advenir une libération dans leurs conditions de vie ». Une intuition évangélique Somos hermanos. Nous sommes frères. Le titre même de cette nouvelle aventure pastorale renvoie d’emblée au message de Jésus qui, durant toute sa vie, a rappelé aux gens laissés-pour-compte, aux exclus, aux marginalisés de son temps cette réalité : vous êtes filles et fils aimés du Père, vous êtes sœurs et frères les uns des autres. Son message s’adressait également à ceux qui ne reconnaissaient pas spontanément la dignité de ces personnes humaines dépréciées. En 2008, au sud de Montréal, on met en place cette organisation qui veut constamment rappeler aux travailleurs agricoles latinos qu’ils ne sont pas qu’une main-d’œuvre efficace au service de propriétaires terriens en recherche de profits légitimes, mais qu’ils sont des êtres humains dont le rendement dans le travail ne doit jamais se faire au détriment de leur dignité d’hommes et de fils de Dieu. Et ce message devrait normalement rejoindre et les patrons qui ont la charge de ces travailleurs du Sud et tous les citoyennes et citoyens de la région du sud de Montréal, qu’ils soient chrétiens ou non. Être frères, c’est être des personnes humaines reconnues, hermanos/humanos. On ne sait pas toujours jusqu’où va la promotion des personnes, à quelle action va conduire cette attention à ces hommes esseulés venus ici pour améliorer la condition de leur famille. Ce sera dans le quotidien de cette présence pastorale que se révéleront les gestes très concrets à poser pour appuyer les demandes des travailleurs dans l’exercice de leur travail, pour les aider à faire saisir le bien-fondé de telle ou telle demande qui, à première vue, pourrait apparaître une simple charge économique de plus. On est loin d’une pastorale de pratique religieuse, de la dispensation des sacrements et de la présence charitable qui recouvre trop souvent des attitudes paternalistes confinant au mépris. On est en plein engagement envers ces étrangers à qui la communauté est invitée à réserver accueil, chaleur, compréhension, accompagnement, partage des préoccupations et des luttes à mener. L’année 2008 marque le 60e anniversaire de la Déclaration universelle des droits humains de l’ONU. Le concile Vatican II a reconnu dans ces droits humains le message de Jésus promouvant la dignité des personnes, de toutes les personnes. Et Jésus a payé le prix fort de sa fidélité à faire respecter la dignité de ses contemporains, surtout les plus pauvres, et il nous a dit : « Faites ceci en mémoire de moi. » Des questions « Le travail de pastorale doit être en lien avec un analyse sociale car, pour mieux comprendre, nous devons connaître les causes afin d’être responsables de nos actions. » Une telle affirmation liée à Somos hermanos suscite quelques questions. Comment les membres de l’équipe vont-ils pouvoir s’assurer que leur présence ne sombre pas dans l’attention charitable rarement dénuée de condescendance, mais qu’elle contribue toujours et véritablement à défendre et à promouvoir les multiples facettes de la dignité des travailleurs agricoles? Les techniques agricoles ont fait passer la période de production de certains produits de deux ou trois mois à huit ou même dix mois. Pour améliorer les conditions des siens, on pouvait admettre que le chef de famille s’absente pendant une courte période; peut-on accepter que les travailleurs mexicains soient maintenant éloignés de leur famille pendant presque une année complète? Ira-t-on jusqu’à appuyer positivement l’établissement de structures associatives ou syndicales permettant d’assurer les droits des travailleurs agricoles et d’obtenir des réponses positives à leurs justes revendications? Pourra-t-on susciter dans le milieu une réflexion sur l’économie mondiale, créatrice d’inégalités grandissantes, et forçant des travailleurs à s’expatrier au Nord pour pouvoir nourrir leur famille? Et quel regard porte-t-on sur les ententes intergouvernementales (Canada/Mexique, par exemple) qui encadrent la venue de ces travailleurs et dont l’attention au respect de leurs droits et de leur dignité de personnes humaines laisse à désirer? Somos hermanos. Somos humanos.

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