Sentiers de FoiVolume 06 - no 04

La rencontre intérieure avec le Christ maître

Lucie Gravel
Cette présentation de la méditation chrétienne suscite l’espérance : il y a toujours dans l’Histoire des audacieux et des audacieuses qui renouent avec les sources du christianisme ou d’autres traditions religieuses.
Cette présentation de la méditation chrétienne suscite l’espérance : il y a toujours dans l’Histoire des audacieux et des audacieuses qui renouent avec les sources du christianisme ou d’autres traditions religieuses. Ils se risquent à écouter le Souffle. Ce Souffle, on le cherche. On le trouve par l’initiation progressive à l’exigeant exercice spirituel qui est de « décélérer », d’écouter, de faire silence, de se re-cueillir. À chacun et chacune de trouver son sentier pour y arriver, car ils sont multiples. Ce chemin comporte sa part de solitude et son besoin de communauté. Méditation chrétienne offre cette possibilité de méditer seul et avec d’autres. Allez fureter sur leur site Web, un outil d’accompagnement extraordinaire, une véritable nourriture pour tous les âges, vous verrez. Méditation chrétienne est né d’un dialogue entre John Main et le swami Satyananda. Ce dialogue interreligieux et œcuménique est une préoccupation de ce réseau qui a aussi l’avantage d’être mondial. Ce ne sont souvent pas les discussions théologiques sur Dieu qui créent l’harmonie entre les religions! L’expérience de la méditation facilite la rencontre avec l’autre, car il y a rencontre sur le fond, le cœur. Laurence Freeman, accompagnateur mondial, dit : « L’expérience contemplative est essentielle si l’on veut que mûrisse le dialogue interreligieux. » J’ai organisé en 2006 une série de rencontres sur la méditation dans cinq grandes traditions religieuses. Intriguée par ce réseau de méditantes et méditants chrétiens, j’ai invité Yvon Théroux de Méditation chrétienne du Québec à parler de cette méditation. Il a aussi proposé la thématique de la méditation dans l’ensemble des religions. Il en est sorti un ouvrage écrit par les cinq intervenants et intervenantes1. Lors d’une soirée publique autour de ce livre, une femme nous a dit : « Je n’en crois pas mes oreilles d’entendre qu’il existe une pratique de la méditation chez les chrétiens! » Cela en dit beaucoup sur la manière de transmettre l’héritage spirituel du christianisme : nous avons dérapé par moments, mais le chemin est toujours là, possible! Nous avons été peu éduqués, dans les célébrations religieuses où on parle tant et trop, à prier, à méditer par nous-mêmes, à goûter et à ruminer une Parole qui parle en nous. Nous avons reçu beaucoup d’enseignements qui nous sont sortis par les oreilles et qui en ont fait fuir plusieurs! On a trop « parlé » de Dieu! John Main et son successeur ont persévéré à mettre en valeur l’importance de laisser Dieu être Dieu, le Tout-Autre, en nous. Ils ont su rendre accessible à tous et à toutes, avec liberté et profondeur, l’expérience de la méditation contemplative. Avec Méditation chrétienne, je crois comprendre que le Christ est maître intérieur, et on le laisse agir, tout simplement : Maranatha! Viens Seigneur! Il y a quelque chose de subversif dans cette approche, quelque chose d’évangélique donc. John Main évoque un autre témoin pour l’ignacienne que je suis : Ignace de Loyola, qui a vécu à une époque de renouveau spirituel aux XVe et XVIe siècles. L’expérience fondamentale d’Ignace est sa rencontre du Christ par la pratique d’exercices spirituels variés et de méditations. Préoccupé par les enjeux de son époque, Ignace a remanié les méthodes de méditation pour mettre en place une démarche pédagogique permettant aux personnes de découvrir qui elles sont et de discerner quel appel du Christ les habite de façon originale. Méditation chrétienne met également les personnes en état d’expérience de Dieu et de disponibilité personnelle à celui qui enseigne de l’intérieur. Je pense à Ignace de Loyola qui a cherché avec anxiété des guides (personnes) spirituels pour l’aider. Il écrit, à la fin de sa vie, qu’il n’y eut qu’une femme, une béate, « qui l’aida vraiment ». Elle a dit à Ignace « qu’elle priait Dieu que Jésus-Christ lui apparaisse2 ». Quand Ignace eut fait cette rencontre intérieure du Christ, il perdit son anxiété : il avait trouvé son Maître. Ignace dit que « ce n’est pas d’en savoir beaucoup qui rassasie et satisfait l’âme, mais de sentir et de goûter les choses intérieurement3 ». Il insiste : « Que le Créateur et Seigneur se communique lui-même à l’âme fidèle, l’enveloppant dans son amour... que la personne qui accompagne laisse le Créateur agir immédiatement avec sa créature et la créature avec son Créateur et Seigneur4. » Longue vie au réseau mondial de Méditation chrétienne, artisan de paix et de liberté intérieure!

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