Sentiers de FoiVolume 01 - no 12

Communautés alternatives : pour de nouvelles solidarités

Pierre Lalonde
Le Centre culturel chrétien de Montréal (CCCM), né de la convergence des ressources dominicaines du chemin de la Côte-Sainte- Catherine, à Montréal, se veut une interface entre la tradition chrétienne et le contexte socioculturel éclaté du Grand-Montréal.
Le Centre culturel chrétien de Montréal (CCCM), né de la convergence des ressources dominicaines du chemin de la Côte-Sainte- Catherine, à Montréal, se veut une interface entre la tradition chrétienne et le contexte socioculturel éclaté du Grand-Montréal. Et c’est bien dans cette perspective que fut organisé le colloque Écrire dans la marge, occasion pour cerner et mesurer l’apport original des communautés chrétiennes alternatives dans la vie spirituelle, religieuse et sociale. Ils furent plus nombreux que prévu à s’être donné rendez-vous dans les locaux de l’Institut de pastorale des Dominicains; cette participation enthousiaste témoigne à elle seule de la nécessité d’espaces nouveaux dans l’Église. Provenant de différents réseaux, appartenant à des communautés plus ou moins organisées ou tout simplement à la recherche d’autres voies devant une vie paroissiale devenue asséchante, les participantes et participants étaient de différentes régions et de tout âge. La présence de jeunes adultes était particulièrement significative dans ce type de rassemblement où on les voit peu habituellement. Onze groupes sous « observation » Invités par le comité organisateur, onze groupes communautaires1 ont témoigné de leur manière d’« écrire dans la marge » et de chercher à récrire le christianisme autrement. Ce fut l’occasion de ressaisir l’importance de l’expérience de partage entre les personnes qui se vit au cœur de ces groupes. La dynamique d’échange est l’occasion de faire le pont entre la vie concrète, les engagements et la foi chrétienne. Outre l’effet bénéfique de briser l’isolement, les participants ont souligné combien le lieu communautaire est source de créativité, d’innovation et d’audace. Cela dit, ces espaces d’innovation que sont ces communautés marginales ont aussi leur précarité. Au nombre des défis rencontrés, il y a ce délicat équilibre entre la volonté d’être des communautés « tricotées serrées » et le désir de demeurer ouvertes. Aussi, se pose la question de la transmission aux jeunes générations, enjeu auquel s’ajoute la difficile reconnaissance par l’institution ecclésiale. Être « un » dans la marge (ou être un sentier, dirons-nous) n’est donc pas qu’une position théologique ou ecclésiale, mais une réalité pratique. Pour de nouvelles solidarités La réflexion s’est élargie avec l’aide du sociologue Raymond Lemieux qui, partant du constat d’un effondrement des communautés naturelles (familles, villages, etc.), a mis en lumière la nouvelle logique actuellement à l’œuvre, soit celle de la « loi du marché ». Celle-ci cherche à créer des champions et met en place une « société d’individus en concurrence ». « Avec ses rites, ses institutions et ses valeurs, la nouvelle religiosité séculière semble mue par la loi : détruisez-vous les uns les autres pour que le meilleur gagne », dira le professeur de l’Université Laval. Ainsi, le défi pour le christianisme est de répondre à la compétition par de nouvelles solidarités. Les communautés alternatives, représentant ces lieux de partage de la condition humaine dans ses fragilités, permettent de « témoigner du sens dans une société du non-sens ». Une « nouveauté permanente » Les communautés marginales renvoient à un mouvement qui a toujours été présent dans l’histoire de l’Église, selon le théologien Guy Paiement. Invité à prendre la parole, il a fait ressortir la nécessité de la fraternité dans la vie communautaire pour nourrir l’espérance; fraternité ouverte à la diversité entre ses membres. Pour le spécialiste de l’engagement social chrétien, la fraternité est appelée à devenir solidarité en retrouvant une identité de « nomades chrétiens », en étant une Église qui marche avec les gens et s’arrête dans les oasis pour parler, fraterniser… et repartir sur les routes. En conclusion de la journée, Sophie Tremblay a rappelé que l’expérience de la « marge » n’est jamais confortable et présente des risques. Cet inconfort et ce pari sont les conditions du neuf qui se construit. Mentionnant le défi pour l’Église, comme pour les communautés alternatives, des rapports intergénérationnels, elle a invité à l’écoute et au respect des petites fraternités qui se développent.

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