Sentiers de FoiVolume 01 - no 11

Le carême : un appel à faire des choix de simplicité

Sylvain Richer
Avec le mois de mars revient le printemps.
Avec le mois de mars revient le printemps. C’est le temps de faire le ménage et de se débarrasser de ce qui s’est accumulé dans la maison. Se livrer à cette occupation permet de songer à changer certains comportements qui ne servent qu’à encombrer mes placards et qui à la longue deviennent nuisibles. C’est une invitation à revenir à quelque chose de plus simple et correct pour bien vivre sans m’appesantir de choses inutiles. Changer. Revenir. Pour le chrétien ces deux verbes parlent de conversion. Changer ma façon de vivre avec le monde qui m’entoure. Revenir à des dispositions du cœur qui sont vivifiantes pour moi comme pour mon prochain. Convertir mes désirs pour que ceux et celles avec qui je partage la planète puissent aussi vivre. C’est là le programme du carême. De plus en plus, notre société se rend compte que son agir fait mal à toute la Création. À toutes nos sœurs et tous nos frères, dirait saint François d’Assise, le patron de l’écologie. Les changements climatiques, et tout ce que cela cause comme catastrophes à plus ou moins long terme dans notre « village global », nous poussent à vouloir que nos gouvernants prennent leurs responsabilités pour mettre en place des protocoles comme Kyoto. Mais nous, dans notre quotidien, que faisons-nous? Comment s’exprime « ma » responsabilité face à cette maison commune que je partage avec des milliards d’êtres humains et tant d’autres créatures? Les trois verbes changer, revenir et convertir me demandent de faire des choix. Des choix qui ont une incidence sur mes relations avec mes proches et avec ceux qui me sont inconnus. Grâce aux médias, il m’est en effet difficile d’échapper à la connaissance des répercussions de mes choix de chaque jour. Je sais que les écosystèmes de notre pays si riche en ressources naturelles se détériorent et que la majorité des cueilleurs de café sont mal payés et souvent maltraités. Il me faut donc développer la conscience que mon univers s’est agrandi et que j’ai une part à jouer dans la marche du monde. J’ai aussi une parole conséquente à prendre. Commerce équitable, covoiturage, transport en commun et simplicité de vie prennent de plus en plus de place dans nos vies. C’est très bien et à la porter de tous. La vie « se fait plus verte » dit la Lettre pastorale de la Commission des affaires sociales de la CECC parue le 4 octobre 2003 sur L’Impératif écologique chrétien. Vert comme l’espoir et la vie qui se renouvelle. Vert aussi comme quand nous sommes malades. Malades, car nous pensons de plus en plus de « façon écologique » et pourtant nous achetons des choses à n’utiliser qu’une seule fois et qu’on jette ensuite. Et cela ne se dégrade même pas! La pensée écologique n’est-elle qu’une mode comme tant d’autres et qui fera son temps? Cela ne me dérange absolument pas de prendre plus de temps pour laver mon plancher avec de l’eau. Danser en le lavant avec un tampon jetable? Non, merci! Les choix ne sont pas toujours faciles à faire pour orienter ma vie vers le bien de toute la Création. Ils passent largement le cadre du coup de tête et méritent réflexion. Que mon oui soit oui ! C’est pourquoi on parle d’ascèse et de sacrifice durant le carême. Ce que je change, la route prise pour revenir et la conversion de mes choix doivent imprégner tout mon être pour devenir significatifs. Ainsi, ils peuvent m’aider à développer ma responsabilité humaine écologique. Et bien que mes choix fassent des vagues à l’autre bout de la planète, je n’ai pas à aller aussi loin pour agir. Mes capacités physiques ou monétaires peuvent servir dans mon entourage où, avec d’autres personnes, nous pouvons nous aider mutuellement à ouvrir nos yeux et notre cœur à cette planète qui a besoin de nous pour vivre. De cette façon-là, nous deviendrons cocréateurs avec Celui qui fait alliance avec l’humain et toute la Création en mettant son arc dans le ciel (Gn 9, 8-15). Il me reste à choisir comment répondre à cet appel à changer, revenir et me convertir. Et cela pour la vie; pas seulement pour 40 jours...

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