Sentiers de FoiVolume 05 - no 10

Des religieuses dans la lutte contre le trafic humain

Francine Cabana
Longueuil, le 1er mars 2010Les médias nous apprennent qu’un réseau de proxénètes a été démantelé à Longueuil.
Longueuil, le 1er mars 2010 Les médias nous apprennent qu’un réseau de proxénètes a été démantelé à Longueuil. Huit individus ont été arrêtés dans le cadre d’une opération nommée Saltimbanque. Le scénario était classique : des adolescentes se sont fait charmer autour des arrêts d'autobus, mais le flirt a viré rapidement au cauchemar. Elles se sont retrouvées dans des motels et des résidences privées où les attendaient des agressions et des viols collectifs. Les inculpés font face à plusieurs chefs d’accusation dont celui de traite de personnes. Pour CATHII, cette nouvelle est un encouragement à poursuivre son travail de sensibilisation et d’action. Les origines En 2001, l’Union internationale des Supérieures majeures (UISG) invite les religieuses du monde entier à agir ensemble pour contrer le trafic des femmes et des enfants. Plusieurs congrégations du Québec, déjà engagées pour la cause de femmes depuis plusieurs années, répondent à l’invitation. Le partage d’une même analyse – à savoir que c’est la pauvreté chronique qui pousse les femmes à la prostitution – et les luttes menées ensemble sur le terrain de la pauvreté et de la violence envers les femmes les amènent à unir leurs forces pour contrer ce fléau mondial1. Leurs réseaux de justice sociale décident de sensibiliser la population. En concertation avec quelques groupes préoccupés par cette question et le Théâtre Parminou, ils produisent la pièce de théâtre Perdues dans le trafic. Traduite en anglais, la pièce fait le tour du Québec, de l’Ontario, des Maritimes et des provinces de l’Ouest canadien et est accueillie avec enthousiasme. Partout, cette pièce de théâtre sème l’indignation et suscite l’engagement. Comment aller plus loin? En septembre 2004, tous les groupes impliqués dans la création de la pièce sont prêts à poursuivre une action commune. Ainsi naît le Comité d’action contre le trafic humain interne et international (CATHII)2 auquel se joignent l’Association des religieuses pour la promotion des femmes (ARPF) et la Conférence religieuse canadienne (CRC) qui ont déjà choisi le trafic comme priorité d’action. Une représentante du Service de police de Montréal participera pendant quelques mois au Comité. Aujourd’hui, huit communautés religieuses, membres d’Unanima International3, siègent au Comité. La Conférence religieuse canadienne, le Centre justice et foi, l’ARPF et Franciscans Internationals4 complètent le groupe. Toutes les personnes autour de la table représentent des têtes de réseaux et se rendent responsables de l’information à transmettre et de l’engagement concret dans leur propre milieu. L’action du CATHII Le Comité se donne comme mission de lutter contre la traite des humains à l’interne et à l’international, notamment celle des femmes et des enfants. Le plan d’action comporte trois volets : la recherche sur la réalité de la traite et sur les lois canadiennes et internationales en lien avec la traite; des formations offertes en vue de l’action : sessions de sensibilisation et sessions de lobbying partout au Québec; enfin, travail concret pour l’hébergement et l’accompagnement des victimes. Les journées de sensibilisation et d’action sont très importantes, car, au fil du temps, nous avons dû en venir à cette évidence : des jeunes femmes d’ici peuvent être victimes de la traite et non seulement des personnes venues d’ailleurs. Dans ce dossier également, l’action politique est nécessaire. Nous ne pouvons pas travailler contre la traite au Québec sans tenir compte du contexte politique canadien et international. Ainsi, à l’occasion des Jeux olympiques de Vancouver, nous avons participé à l’élaboration d’une trousse de sensibilisation et d’action à l’usage des écoles secondaires et de la population en général. Intitulée Nous sommes un village global, cet outil a permis d’attirer l’attention sur le fait que les grands événements sportifs sont souvent l’occasion d’une recrudescence de la traite. Nous avons aussi participé de façon active à la campagne d’Unanima International intitulée Arrêtez la demande de la traite des femmes et des enfants. Travailler à contrer la traite humaine demande une expertise particulière. Le sujet est vaste et difficile, et c’est pourquoi le CATHII concentre maintenant son action sur l’aide à apporter aux victimes de ce fléau mondial. On doit se rappeler qu’il s’agit d’un commerce international très lucratif pour les exploiteurs. Toutefois, bien que les Nations Unies avancent le chiffre de 4 millions de femmes et d’enfants dans le monde qui seraient des victimes, ce n’est pas évident d’identifier des personnes trafiquées dans notre milieu. Cela exige tout un effort de concertation de différents groupes de recherche et d’action pour agir localement, au Québec et au niveau national. Et on continue Les communautés religieuses qui s’impliquent dans le CATHII le font évidemment en étant soutenues par leur foi et leur désir d’apporter soutien et réconfort à la mesure de leurs moyens qui parfois paraissent bien insuffisants. Elles sont toutefois convaincues qu’il ne faut pas baisser les bras. Depuis quelques années, une prise de conscience plus grande se fait, et de plus en plus de groupes dénoncent cet esclavage moderne qu’est la traite des personnes. Le CATHII veut croire que son action y est pour quelque chose.

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