Chemin des Outaouais : un chemin vers l’Autre
Il marche, cet homme-là! En 2002, il a fait le pèlerinage de Compostelle à travers l’Espagne, puis le chemin des Sanctuaires, appelé aussi le Compostelle québécois, de Montréal à Sainte-Anne-de- Beaupré en 2003, c’est-à-dire 375 kilomètres en 18 jours.
Il marche, cet homme-là! En 2002, il a fait le pèlerinage de Compostelle à travers l’Espagne, puis le chemin des Sanctuaires, appelé aussi le Compostelle québécois, de Montréal à Sainte-Anne-de- Beaupré en 2003, c’est-à-dire 375 kilomètres en 18 jours. C’est lors de son pèlerinage à Nevers (Bernadette Soubirous) que M. Rodolphe Latreille, résidant de l’Outaouais, décide d’ouvrir un autre sentier de marche au Québec, le « chemin des Outaouais », partant de la cathédrale Notre- Dame d’Ottawa, en passant le huitième jour par le sanctuaire Notre-Dame-de-Lourdes à Rigaud, pour finir à l’Oratoire Saint-Joseph à Montréal. Il s’est dit : « On reçoit beaucoup sur le chemin de Compostelle : accueil, compassion, partage, rencontres, amitié. Alors, je vais permettre à d’autres qui ne peuvent aller jusqu’en France de vivre cette expérience humaine et spirituelle. » Il passe un an (2004) à mettre en place l’organisation logistique et les ressources nécessaires pour réaliser ce projet avec une cinquantaine de bénévoles. L’aventure débute en 2005.
Cette année, il y a près de 150 inscriptions : des gens qui veulent prendre un temps d’arrêt, une petite pause dans leur vie, se désinstaller, sortir de la routine. Les pèlerins partent pour douze jours, du 25 mai au 18 juin, par groupes de six marcheurs qui ne se connaissent pas, et feront douze haltes sur les 230 km du chemin qui traverse trois fois la rivière des Outaouais. Hébergement dans cinq résidences, deux communautés religieuses, deux sanctuaires et des salles municipales. Des bénévoles expérimentés accompagnent les marcheurs et marcheuses dans la première étape de 16 km. Certains viennent se pratiquer en vue de la grande aventure de Compostelle; d’autres veulent revivre l’expérience. Plusieurs viennent d’Europe découvrir nos paysages. Deux diplomates retraités sont venus de New York. On y trouve plus de femmes que d’hommes, environ 60 à 65 %, des gens âgés au-delà de 55 ans pour la plupart. Dernièrement, des plus jeunes se sont joints à l’aventure. Qu’est-ce qu’on trouve sur ces chemins? Cela dépend de ce que l’on cherche et où on en est rendu dans sa vie. La marche change beaucoup du rythme trépidant de la vie active. Les organisateurs ne donnent pas d’orientations. Chacun et chacune vit son chemin en toute liberté. Mais le chemin mène nécessairement vers une rencontre avec soi-même et avec les autres, car la marche et les retrouvailles aux étapes font passer de la solitude (plusieurs vont à leur rythme) ou du compagnonnage du chemin aux rencontres « familiales » du souper et du déjeuner. « La vie en petit groupe rapproche », dit M. Latreille. Les marcheurs et marcheuses prennent le temps de se parler, de s’écouter, de voir ce qu’il y a de bon dans l’autre. C’est aussi l’occasion de se confronter à ses limites et aux intempéries, mais surtout de communier aux beautés de la nature comme à la générosité de ceux et celles qui accueillent, et de trouver du sens là où il n’y en avait plus. D’ailleurs, les commentaires sont assez impressionnants : « Ça va changer ma vie! »; « Je n’étais jamais sortie seule ni n’avais jamais couché sans mon mari depuis 40 ans... Ça m’a fait un grand bien »; « C’est très différent d’un monastère. Seul en marche, on laisse l’esprit travailler à son rythme »; « Les lieux d’hébergement étaient tous très corrects. Parfois même, c’était le grand luxe, comme chez les Sœurs de Masson, à Gatineau, et de Plaisance. Chez ces dernières, j’ai appris un jeu de cartes appelé "La petite école" » (une Française reconnaissante); « Les temps forts pour nous furent d’être charmés par les paysages, la route et surtout les personnes accueillantes » (un couple de Québécois); « Que dire de la réception à Thurso, chez Ti-Lou et Suzanne, lauréats du trophée Centraide : "Le frigo est plein, servez-vous; sinon, tant pis pour vous!" La bière nous rafraîchit... » (Diane). L’an passé, les organisateurs ont reçu 70 réponses parmi les 120 formulaires d’évaluation distribués. « Ce qui m’a le plus impressionné lors de ces pèlerinages, c’est l’autre... la rencontre de l’autre, confie l’organisateur. J’ai vécu des bouts de chemins sur le pain de l’autre, sur son eau, son amitié. On crée des liens qui durent et on se retrouve après. On est une grande famille planétaire. » Si je me rappelle bien, Jésus était un homme qui marchait beaucoup...En 2009-2010, 1 251 personnes du Québec ont fait officiellement le pèlerinage de Compostelle, dont 725 femmes.