Sentiers de FoiVolume 03 - no 09

« Quiconque lit l’Évangile du Christ devient socialiste1 »

Claude Lacaille
Comptable agréé, expert en administration, docteur en gestion, le prof Lauzon possédait toutes les ressources professionnelles pour devenir un pilier de l’économie néolibérale, mais il a choisi de mettre ses compétences au service de son prochain.
Comptable agréé, expert en administration, docteur en gestion, le prof Lauzon possédait toutes les ressources professionnelles pour devenir un pilier de l’économie néolibérale, mais il a choisi de mettre ses compétences au service de son prochain. Aussi est-il perçu par les sages et les puissants comme un hurluberlu et une grande gueule. Il a pourtant raison. Il ne fait que proclamer une vérité qui nous est systématiquement occultée : l’économie mondiale est un vaste cambriolage qui dépossède les multitudes partout dans le monde. Les gouvernements ont livré au pillage des compagnies transnationales leurs ressources naturelles et humaines. On a fait de la Chine la manufacture de la planète pour exploiter une main d’œuvre pauvre et innombrable. On a fait de l’Inde un centre mondial de services, profitant du fait que l’ex-colonie britannique parle l’anglais et que des millions de professionnels y sont disponibles à des salaires modestes. Et maintenant, pour continuer à vandaliser, le capitalisme a entrepris de voler aux petits investisseurs leurs rentes de vieillesse et leurs pensions. On l’a vu au Mexique, en Turquie, en Argentine, aux États-unis, et au Canada. Des Églises opportunistes Les Églises, par opportunisme et infidélité à l’Évangile, se sont adaptées tout au long de l’histoire aux systèmes dominants plutôt que de jouer le rôle prophétique imparti aux disciples de Jésus de Nazareth. On a peine à croire que l’Église ait considéré pendant des siècles la monarchie absolue comme venant de Dieu et que l’on se soit opposé sur cette base à l’avènement de la démocratie. On croit halluciner quand on pense que le pape espagnol Alexandre VI, en 1493, a octroyé l’Amérique du Sud et les Caraïbes aux rois d’Espagne et du Portugal dans une bulle qui a eu force de loi durant près de quatre siècles. On est éberlué d’apprendre que l’esclavage a été pratiqué par la chrétienté sur tout le continent américain et qu’on a cautionné le plus grand génocide de l’humanité au nom de la civilisation chrétienne en livrant aux barbares envahisseurs d’Europe les 80 millions d’Amérindiens qui peuplaient le Nouveau Monde. Comment des religieux ont-ils pu de bonne foi marquer au fer rouge sur le front les esclaves africains de leurs sucreries d’Haïti des mots IHS ou CHARITAS!? Mais gardons-nous bien de juger nos ancêtres; nous souffrons du même aveuglement. Le christianisme a participé activement à l’implantation du capitalisme depuis la conquête des Amériques. Bien sûr, on nous a enseigné la charité, et Dieu sait si elle est à la mode : du Noël du pauvre en passant par les téléthons de toutes les maladies imaginables, la charité est devenue l’alternative au désengagement de l’État. Bien sûr, il faut partager, surtout quand on a tant reçu et d’autres si peu. Mais en tant qu’Églises, nous n’avons jamais su aller plus loin et nous engager collectivement à chasser les démons de l’économie capitaliste et à nous engager de façon révolutionnaire à changer ce système de mort. En Amérique latine, les chrétiennes et chrétiens qui ont voulu vivre l’engagement auprès des pauvres en luttant pour une société plus juste ont été condamnés de façon réitérée par le pape Ratzinger. L’échec du christianisme? Le théologien Pablo Richard affirme que le christianisme, comme majorité sociale aux États-Unis, a appuyé la guerre contre l’Irak, ce qui veut dire que la victoire de l’impérialisme états-unien est l’échec du christianisme aux États-Unis et en Occident... Bush comptait sur deux forces spirituelles : le silence de la hiérarchie catholique embarrassée par les crimes sexuels du clergé et l’appui explicite de la droite chrétienne fondamentaliste. « Ce fait violent et brutal aura un impact massif et à long terme sur le christianisme global. » (Conférence à Santiago du Chili, janvier 2008) Cet échec du christianisme nous met au défi de sortir de cette religion imprégnée par la culture du capitalisme prédateur, impérial et occidental. Il nous faut commencer de nouveau, à partir des masses appauvries dans toutes les parties du monde, à créer « une force éthique et spirituelle à l’intérieur d’un mouvement global pour la vie profondément opposé aux forces de mort de l’empire dominant actuel ». Et cela, nous le ferons avec les hommes et femmes de bonne volonté, qui puisent leur humanisme à différentes sources. Chrétiennes et chrétiens, nous réaliserons cette conversion en retournant aux sources de la bonne nouvelle de Jésus aux pauvres. Prendre au sérieux l’Évangile, c’est se mettre du côté des perdants et lutter pour un monde juste et fraternel, sans compromission avec les puissances de ce monde.

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